lundi 15 juin 2009

Compte rendu du 20 mai



Après avoir travaillé au cour des ateliers précédant sur la forme du texte et le signifiant, j'ai proposé ici de se concentrer sur le fond ou plutôt sur le signifié.

Préambule:
Partons de l'hypothèse que l'objet qui inspire l'écriture poétique est par nature inaccessible. L'écrivant tente de s'en approcher plus ou moins habilement et justement: ''L'indicible'', soit ce qui ne peut être dit.
Un signifiant défiant irrémédiablement l'écriture ou la mise en forme de ce qui échappe à la forme.

On peut tenter de comparer ce concept d'indicible à celui de l'innommable, ce qui ne peut être nommé.

Si dire l'indicible est le domaine de la poésie, de la musique, de l'art; l'innommable est celui du sacré.
Car si dire c'est signifier, nommer, c'est appeler, voir invoquer.
Dans certaines traditions religieuses ou ésotériques, dire certains noms (les noms de Dieu ou des dieux, les noms des esprits, celui de la mort) est proscrit.
Ce qui est sacré ne peut se réduire à un mot, nommer c'est trahir ce qui impose le silence.

Ces traditions ont trouvé différentes solutions pour contourner ce problème: multiplication des noms, chiffrage, métaphore...

Si l'indicible nous impose l'impossibilité à signifier; l'innommable, lui, nous y invite...

la consigne:

Première partie

Chacun est invité à écrire une liste de mots évoquant un indicible. Un concept abstrait peut être indicible, mais un objet courant peut aussi posséder cette faculté. Une pomme de terre, un crâne, une feuille blanche sont des objets courants qui peuvent évoquer des émotions, des réminiscences ou des sentiments dits indicibles.

En suite, on choisit un des mots et on tente d'en donner différentes définitions ou évocations, à la façon de notes ou d'un brouillon.

Deuxième partie

Synthétiser, réécrire les notes précédentes, sans jamais nommer le sujet.
Cette fois ci, la contrainte est absolument formel: voir comment peut on traiter d'un sujet sans jamais le nommer, quels sont les recours possibles ?
Comment où l'innommable, l'absence du mot, du nom, peut il prendre forme dans le texte ?

jeudi 28 mai 2009

Compte-rendu de l'atelier du 14 mai 2009




Ce jeudi, pour traiter de la citation dans l'écriture, j'ai demandé à chacun des participants d'écrire de manière spontanée une série de citations. Par spontanée, j'entends à la manière de l'écriture automatique (même si cela n'en est pas tout à fait), le texte étant transcrit dés lors qu'il vient à l'esprit... Les citations ne sont pas forcement ''littéraires'', elles peuvent être issue de chansons, de bandes dessinées, de répliques ou de situations cinématographiques, être une description de photos etc...
Elles doivent être écrites sur une feuille A3 format italien, c'est à dire à l'horizontal et le texte doit remplir la feuille sur toute sa longueur.



Une foie cette première étape accomplie, j'ai demandé à chacun de plier cette feuille en trois partie sur la longueur,...



... de découper celle-ci en trois partie, suivant les pliures,...

... puis de découper chaque morceau ou ''modules'' de phrases en trois groupes, selon l'emplacement du morceau: début, milieu et fin...

Le jeu est en suite de chercher avec les différents débuts, milieux et fins, les combinaisons de textes possibles, d'en choisir quelques unes et de les rédiger à nouveaux.
Le ou les textes doivent être intégralement réécrits en faisant particulièrement attention à la ponctuation et en variant les structures de phrases.
Je parle ici de ''modules de phrases'' en considérant chaque parties de phrases comme autant de modules indépendants liées entre eux par la ponctuation.
On peut ainsi composer son texte à la manière d'une composition graphique ou gastronomique par exemple. Cette approche ''structuraliste'' est aussi proche de la technique du montage cinématographique; elle permet d'appréhender la ponctuation et la structure syntaxique de manière ludique. La recherche de variation des structures de phrases est donc ici fort important.

Liens:
Article sur le site Psythere: '' Structuralisme et Post-Structuralisme''

dimanche 3 mai 2009

Les prochains ateliers du mois de mai



Les prochains ateliers auront lieu les 14 mai et 27 mai 2009, comme d'habitude au Courant d'air café, rue Coutellerie à Marseille.
L'atelier du 14 mai abordera la question de la citation dans l'écriture, nous aborderons aussi de manière ludique les techniques de ponctuation et d'organisation du texte.

Compte-rendu de l'atelier du 30 avril 2009

Lors de la séance du 30 avril, je suis revenu sur le concept de réécriture.
Pour cela, j'ai utilisé le principe de la traduction.
L'atelier a été rendu plus difficile car j'étais seul à animer et à accueillir le publique du lieu.
Il faut préciser que le lieu appelé Courant Café est comme sont nom l'indique un lieu publique dont les ateliers ne sont pas l'unique activité. J'ai donc du lors de cette séance accueillir aussi les adhérents du café et n'ai pu être autant disponible que je l'aurait souhaité. Cette situation était exceptionnelle, souhaitant qu'elle ne se reproduise pas, je prie les participants à l'atelier de nous en pardonner.
J'ai donc d'abord proposé un texte anglais de Samuel Taylor Coleridge, The Ballade of Kubla Khan, ainsi que sa traduction. Après un lecture, quelques détails sur la genèse de l'œuvre, sur sa réception et son influence, j'ai invité chacun à en faire sa propre traduction.
L'oeuvre est, elle même, une interprétation d'un rêve fait par Coleridge, une traduction en quelque sorte. L'idée étant qu'une traduction est toujours une forme de trahison par rapport à l'oeuvre originale, la plus grande liberté est demandé pour cet exercice. Il est demandé au participant de n'être fidèle qu'a l'impression intime qu'il a du poème.
Pour éviter une approche laborieuse de cette ''traduction'', j'ai proposé à chacun de l'entamer, après plusieurs lecture, par des passages pris dans le corps du texte, selon sa propre inspiration, puis de les recomposer avec une structure originale, indépendante de la Balade de Koubla Khan; cette presque traduction devenant en quelque sorte une évocation du texte de Coleridge.
Cette démarche permet d'aborder une autre question qui est celle de la citation dans l'œuvre, elle amène l'idée que toute écriture est nourrie de citation et conditionnée par une mémoire collective. Cette prise de conscience de l'influences de nos lecture dans nos écritures, cette reconnaissance, étant une étape nécessaire à l'élaboration d'une écriture originale.
J'aborderai d'ailleurs d'avantage cette dimension dans le prochain atelier, qui aura lieu le jeudi 14 mai au Courant d'Air Café, rue Coutellerie à Marseille.

'' Toute littérature est traduction. Et traduction à son tour de la lecture que l’on en fait… D’où cet autre sentiment selon lequel on n’en aura jamais fini avec les textes que l’on aime, car ils rebondissent d’interprétation en interprétation…''

(Hubert Nyssen)




The Balade of Kubla Khan,
by Samuel Taylor Coleridge

In Xanadu did Kubla Khan
a stately pleasure-dome decree,
where Alph, the sacred river, ran
through caverns measureless to man
down to a sunless sea,
so twice five miles of fertile ground
with walls and towers were girdled round.
and there were gardens bright with sinuous rills,
where blossom'd many an incense-bearing tree.
And here were forests as ancient as the hills,
enfolding sunny spots of greenery.

But O! That deep romantic chasm which slanted,
down the green hill athwart a cedarn cover.
A savage place! As holy and enchanted
as e'er beneath a waning moon was haunted
by woman wailing for her demon lover.
And from this chasm, with ceaseless turmoil seething,
as if this Earth in fast thick pants were breathing,
a mighty fountain momently was forced,
amid whose swift half-intermitted burst,
huge fragments vaulted like rebounding hail,
or chaffy grain beneath the thresher's flail,
and 'mid these dancing rocks at once and ever,
it flung up momently the sacred river.
Five miles meandering with a mazy motion,
through wood and dale the sacred river ran.
Then reach'd the caverns measureless to man,
and sank in tumult to a lifeless ocean.
And 'mid this tumult Kubla heard from afar
ancestral voices prophesying war!

The shadow of the dome of pleasure
floated midway on the waves
Where was heard the mingled measure
from the fountain and the caves.
It was a miracle of rare device
a sunny pleasure dome with caves of ice.
A damsel with a dulcimer
in a vision once I saw.
It was an Abyssinian maid,
and on her dulcimer she played,
singing of mount Abora.
Could I revive within me
her symphony and song.
To such a deep delight 'twould win me,
that with music loud and long,
I would build that dome in air!
That sunny dome! Those caves of ice!
and all who heard should see them there!
and all should cry, Beware! Beware!
his flashing eyes! his floating hair!
Weave a circle round him thrice,
and close your eyes with holy dread!
for he on honey-dew hath fed,
and drunk the milk of Paradise.


Compte rendu de l'ateliers du 16 avril 2009

Épanouie au bord de la route
Cette rose trémière
Broutée par mon cheval
(Bashô)


Le 16 Avril, nous nous sommes réuni avec l'intention de nous lancer dans une recherche d'écriture poétique...
J'ai décidé pour cela de partir sur le principe du Haïku.
Après une courte explication de ce qu'est cette forme poétique, j'ai présenté une série mêlant haïkus classiques et contemporains.
Le haïku est né au 17 ème Siècle au japon, c'est une forme de discipline poétique proche du Tao et de l'art de l'estampe. Il s'agit d'un poème bref, imagé et subjectif, traduisant l'évanescence des choses. Une ''sorte de balafre taillée dans le temps'' selon Roland Barthe.
La forme traditionnelle japonaise s'écrit sous la forme de 17 mores ou idéogrammes écrit verticalement, la forme occidentale s'écrit sous la forme d'un tercet de 5,7 et 5 syllabes.

Exemples:

''Glace nocturne
La cruche qui éclate
Me réveille.''
(Bacho)

''Solitude,
J'écarte mes cinq doigts
Histoire de voir.''
(Hosaï)

'' La porte se referme
Dans un grand bruit
Le temple s'endort ''
(Hosaï)

''Un Chat de Gouttière
Court sur l'avant-toit
La lune d'hivers ''
(Joso)

''Les Fleurs jaunes du petit matin
Pensent
aux ivrognes du Mexique''
(Jack Kerouac )

'' De superbes jeunes filles
Grimpent les matches de la bibliothèque
En short.''
(Jack Kerouac)

'' Encore elle,
Sur les toits et les poubelles
La mouette qui ricane''
(Yves Gerbal)

Le haïku classique fait généralement référence à une saison, il évoque les cycles naturels et décrit un détail, un micro accident en corrélation avec la nature en tant que harmonie universelle. Il exprime parfois une impression de surprise, d'ahurissement, de révélation...

J'ai invité en suite chacun à sortir, à aller et venir, de choisir un lieu et de tenter d'y écrire ses impressions, à la façon des haïkus, mais sans s'embarrasser pour autant de la métrique classique.
L'essentiel étant de noter brièvement une suite d'impressions sous forme poétique.

Après vingt minutes de cet exercice, nous nous sommes rassemblé et une deuxième étape à eu lieu où j'ai proposé de composer un texte long à partir des différentes notes prisent au dehors.

S'en est suivit la lecture, chacun pouvant lire, ou ses court poèmes, ou le texte long, ou les deux successivement.

L'intérêt de la première partie de l'atelier était d'amener les participant dans une démarche d'introspection, voir de contemplation afin d'être disponible à ce qui émerge en lui et d'évacuer ce qu'il aurait pu avoir préalablement l'intention d'écrire.

La deuxième partie devait amener le participant à l'exercice de la réécriture en considérant les notes prisent précédemment comme une matière à travailler et remodeler.


Liens:
Haïku de Provence
Haiku sans frontière
Roland Barthes et le roman du présent par Frédéric Martin-Achard
Roland Barthes, L'EFFRACTION DU SENS

mardi 24 mars 2009

Objectifs de l'atelier du Courant d'Air

Jeudi 19 Mars, nous avons quelques peu défini nos attentes vis à vis de notre atelier. Il serait intéressant en effet de définir maintenant les orientations des prochaines sessions...
A se propos, orienter l'atelier vers l'écriture poétique me semble une option intéressante...
Vous pouvez ici (dans les commentaires) me faire part de vos impressions et opinions...
Merci et à Jeudi !